Karl Marx (1818 – 1883)

Résumé rapide

Karl Marx (1818 – 1883) est un philosophe figure majeure de l'histoire. Né à Trèves, Province du Bas-Rhin, Royaume de Prusse, Karl Marx a marqué son époque par co-rédaction du manifeste du parti communiste (1848).

Lecture: 28 min Mis à jour: 24/09/2025
Portrait réaliste de Karl Marx dans les années 1870, barbe blanche abondante, cheveux grisonnants peignés en arrière, costume de laine sombre avec gilet boutonné, regard concentré, éclairage tamisé rappelant la photographie victorienne.
À la une

Naissance

5 mai 1818 Trèves, Province du Bas-Rhin, Royaume de Prusse

Décès

14 mars 1883 Londres, Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande

Nationalité

Prussienne puis apatride résident au Royaume-Uni

Occupations

Philosophe Économiste politique Journaliste Théoricien révolutionnaire

Biographie complète

Origines et Enfance

Karl Heinrich Marx naît à Trèves en 1818, troisième enfant de Heinrich Marx, avocat issu d’une lignée de rabbins mais converti au protestantisme pour conserver son statut professionnel, et d’Henriette Pressburg, originaire d’une famille bourgeoise juive des Pays-Bas. L’environnement familial mêle rigueur juridique, culture des Lumières et sens aigu des réalités administratives du Rhin prussien. Marx fréquente le Gymnasium de Trèves, où il se distingue par sa maîtrise du latin et du grec et par des essais imprégnés de rationalisme. Les archives scolaires révèlent un adolescent curieux des débats politiques suscités par l’occupation française et la restauration prussienne, familier des lectures de Voltaire, Rousseau ou Lessing qui circulent dans les cercles libéraux rhénans. À seize ans, il compose un essai sur l’élection du métier qui met déjà en avant l’idée de vocation au service de l’humanité. Il rejoint l’université de Bonn en 1835 pour y étudier le droit, mais la ville universitaire — réputée pour ses fraternités étudiantes turbulentes — attire davantage Marx dans les sociétés littéraires que dans les cours magistraux. Ses parents, préoccupés par cette indiscipline et les dettes contractées, l’orientent vers l’université de Berlin où il rencontre l’hégélianisme, mouvement philosophique qui exerce sur lui une influence durable. La promesse de mariage avec Jenny von Westphalen, fille d’un baron prussien libéral, scelle à la fois son intégration dans la bourgeoisie cultivée et son exposition aux débats politiques européens.

Contexte Historique

Le XIXe siècle européen dans lequel Marx grandit est marqué par les transformations de la révolution industrielle, l’essor des manufactures textiles anglaises, la mécanisation minière et le développement du chemin de fer. L’Empire napoléonien a diffusé le Code civil et l’égalité juridique, mais la restauration monarchique issue du Congrès de Vienne (1815) rétablit la censure, les privilèges nobiliaires et une police politique vigilante. Sur le Rhin, région récemment annexée par la Prusse, la bourgeoisie commerçante aspire à des réformes constitutionnelles. Les crises économiques de 1816–1817 puis de 1825 attisent les préoccupations sociales ; la question ouvrière devient centrale avec la montée des associations artisanales et des mouvements chartistes en Grande-Bretagne. Les débats intellectuels oscillent entre idéalistes hégéliens, qui analysent l’histoire comme déploiement de l’Esprit, et matérialistes inspirés par Feuerbach, qui replacent l’homme concret au cœur des dynamiques sociales. Marx observe aussi la formation d’une classe ouvrière européenne, confrontée à de longues journées de travail, à l’urbanisation rapide et à l’absence de droits politiques. Les révoltes de Lyon (1831, 1834), les soulèvements polonais et italiens, ainsi que la révolution belge de 1830 illustrent cette tension permanente entre aspirations nationales, revendications démocratiques et résistance des États autocratiques.

Ministere Public

Après une thèse doctorale soutenue en 1841 sur la différence entre les philosophies de la nature chez Démocrite et Épicure, Marx renonce à la carrière universitaire : l’État prussien refuse d’accorder des postes aux hégéliens radicaux. Il se tourne vers le journalisme politique, rejoignant la Rheinische Zeitung à Cologne en 1842. Ses articles dénoncent les lois forestières pénalisant les paysans, la censure et l’autoritarisme bureaucratique. La fermeture du journal par décision ministérielle le pousse à Paris, où il collabore à la Gazette allemande de Paris et participe aux cercles socialistes fréquentés par Proudhon, Bakounine et les ouvriers artisans de la capitale. En 1844, sa rencontre avec Friedrich Engels, industriel d’origine bremoise et observateur de la condition ouvrière anglaise, scelle un partenariat intellectuel et financier décisif. Ensemble, ils rédigent les Manuscrits de 1844 et L’Idéologie allemande, textes qui articulent critique de la philosophie spéculative et analyse de l’aliénation dans le travail salarié. Expulsé de France à la demande du gouvernement prussien, Marx s’installe à Bruxelles en 1845, fonde des associations d’ouvriers expatriés et anime des conférences sur l’histoire des luttes de classes. Il voyage à Londres et à Manchester pour étudier les syndicats britanniques et l’économie politique anglaise, accumulant notes et coupures de presse qui nourrissent ses futurs ouvrages.

Enseignement et Message

Le cœur du message théorique de Marx repose sur le matérialisme historique : les structures économiques déterminent en dernière instance les superstructures juridiques, politiques et idéologiques. Il analyse la société capitaliste comme un système fondé sur l’appropriation de la plus-value extraite du travail salarié. Cette théorie s’appuie sur l’étude des économistes classiques (Smith, Ricardo), dont Marx reprend la rigueur analytique tout en dénonçant l’aveuglement face aux rapports de classe. Ses concepts d’aliénation, de fétichisme de la marchandise et d’accumulation primitive décrivent les processus par lesquels le capital transforme les relations humaines en transactions marchandes. Marx insiste également sur l’internationalisme et sur le rôle révolutionnaire du prolétariat : classe dépossédée, elle est appelée à abolir le capitalisme en s’organisant politiquement. Dans le Manifeste du parti communiste (1848), coécrit avec Engels, il décrit l’histoire comme une succession de luttes de classes aboutissant à la centralisation des moyens de production et à la nécessité d’un renversement révolutionnaire. Sa stratégie se différencie du socialisme utopique par la priorité donnée à l’analyse scientifique des rapports sociaux et à l’auto-émancipation des travailleurs. Les textes de Marx intègrent des considérations sur la colonisation, la question agraire et les résistances nationales, soulignant que le capitalisme se mondialise en transformant des pays entiers en marchés dépendants.

Activite En Galilee

L’exil bruxellois offre à Marx un laboratoire politique : il anime la Ligue des justes, devenue Ligue des communistes, où il plaide pour un programme centré sur l’abolition de la propriété privée capitaliste, la progressivité de l’impôt et l’instruction publique. Le déclenchement des révolutions de 1848 l’amène à Cologne pour diriger la Neue Rheinische Zeitung, journal rouge qui défend la république démocratique et l’alliance avec les paysans. Poursuivi pour incitation à la révolte, il est expulsé de Prusse en mai 1849 puis de Paris où il s’était réfugié. Installé définitivement à Londres à l’automne 1849, Marx vit dans un dénuement chronique : décès de plusieurs de ses enfants, maladie, expulsions de logement rythment son quotidien. Il fréquente la salle de lecture du British Museum, accumulant les dossiers sur l’industrie textile, les statistiques sur les salaires et les rapports parlementaires. Son engagement se poursuit au sein des communautés d’exilés allemands, irlandais et italiens, et il conseille les chartistes britanniques. Les correspondances avec Engels, resté à Manchester, témoignent d’un intense travail de co-rédaction et d’un soutien financier indispensable pour poursuivre ses recherches.

Montee A Jerusalem et Conflit

La décennie 1850 est marquée par des confrontations politiques et personnelles. Marx critique violemment les ex-alliés socialistes qu’il juge opportunistes, notamment Ferdinand Lassalle et Wilhelm Weitling, et se heurte aux anarchistes regroupés autour de Bakounine. Ses articles pour le New-York Daily Tribune analysent la crise économique de 1857, la colonisation britannique en Inde et la guerre civile américaine ; il soutient l’abolition de l’esclavage et salue l’élection d’Abraham Lincoln. Les autorités britanniques surveillent les réunions d’exilés, mais n’expulsent pas Marx qui reste apatride. En 1864, il joue un rôle central dans la création de l’Association internationale des travailleurs (Première Internationale), dont il rédige les statuts inauguraux et la plupart des adresses. Les conflits internes avec les proudhoniens français et les bakouninistes suisses culminent au congrès de La Haye (1872), où Marx défend la nécessité d’un parti politique ouvrier centralisé. Les divisions, la répression postérieure à la Commune de Paris (1871) et la fatigue de Marx conduisent à transférer le Conseil général à New York. Ce repli signe la fin de son influence directe sur le mouvement ouvrier organisé, même si sa correspondance continue d’alimenter les débats du socialisme européen. Parallèlement, il affronte des difficultés de santé (abcès hépatiques, bronchites) qui ralentissent la rédaction des volumes II et III du Capital. Il voyage à Carlsbad, Algésiras ou Nice pour des cures, tout en étudiant les développements récents de l’agriculture russe et de la propriété foncière en Irlande, sujets qui modifient partiellement sa conception linéaire de la transition au socialisme.

Sources et Temoinages

La connaissance de Marx repose sur une documentation abondante : correspondance familiale, cahiers d’extraits, manuscrits économiques et articles de presse. Les archives conservées à l’Institut international d’histoire sociale d’Amsterdam et publiées dans la Marx-Engels Gesamtausgabe (MEGA) révèlent l’ampleur de ses lectures (économie, géologie, mathématiques) et ses réflexions inachevées sur la rente foncière ou les formations sociales non européennes. Les témoignages de contemporains comme Wilhelm Liebknecht, Laura Lafargue ou Eleanor Marx décrivent un homme chaleureux, attaché à sa famille, mais intransigeant dans les polémiques politiques. Les sources judiciaires et policières de Prusse, de France et de Belgique offrent un contrepoint sur la surveillance dont il est l’objet, détaillant ses interventions dans les clubs révolutionnaires et ses déplacements clandestins. Les minutes de l’Internationale, les procès-verbaux des sections londoniennes et les rapports syndicaux permettent de suivre son influence concrète sur les stratégies ouvrières. L’analyse de ses manuscrits non publiés de son vivant — Grundrisse (rédigé en 1857–1858), Théories sur la plus-value, Cahiers ethnologiques — éclaire l’évolution de sa pensée et nuance l’image d’un système théorique clos.

Interpretations Historiques

Depuis sa mort, l’interprétation de Marx oscille entre canonisation idéologique et relectures critiques. Les marxismes du XXe siècle se déclinent en courants variés : léninisme axé sur le parti d’avant-garde, austro-marxisme réformiste, marxisme occidental (Gramsci, Lukács) insistant sur la culture et l’hégémonie. La réception académique passe par des traductions successives — de Joseph Roy en France à Samuel Moore en Angleterre — qui influent sur la compréhension de concepts tels que fétichisme, forces productives ou dictature du prolétariat. À partir des années 1960, des chercheurs comme Louis Althusser, David McLellan, Terrell Carver ou Gareth Stedman Jones entreprennent des analyses philologiques et biographiques détaillées, soulignant les discontinuités de l’œuvre et son inscription dans les luttes concrètes. L’ouverture des archives soviétiques après 1991 et la poursuite de l’édition critique MEGA II permettent d’accéder aux cahiers mathématiques, aux lettres russes et aux manuscrits préparatoires du Capital. Des historiens du monde global (Kevin B. Anderson, Jairus Banaji) réévaluent sa vision des sociétés colonisées et de la paysannerie. Ces études montrent un penseur évolutif, attentif aux résistances locales, loin des simplifications dogmatiques.

Heritage

L’héritage de Marx est multiforme. Ses concepts structurent la pensée socialiste et communiste, inspirant la Seconde Internationale (1889), la révolution russe de 1917, les mouvements anti-impérialistes du XXe siècle et les critiques contemporaines du néolibéralisme. Ses analyses de la valeur et de la crise alimentent des écoles économiques hétérodoxes, tandis que la sociologie (Weber, Durkheim) se construit en dialogue ou en opposition avec ses thèses. Les sciences humaines — géographie critique, anthropologie, études culturelles — empruntent ses notions de mode de production et d’idéologie. Au-delà des régimes qui se réclament de lui, Marx inspire des mouvements syndicaux pour la journée de huit heures, les législations sociales bismarckiennes, la social-démocratie scandinave, mais aussi les théories féministes matérialistes (Alexandra Kollontaï, Silvia Federici) qui prolongent son analyse du travail reproductif. Les commémorations de 1918, 1968, 2018 témoignent de sa permanence dans l’imaginaire politique. Son œuvre continue de susciter débats et révisions, de la critique écologique de l’extractivisme à l’étude des plateformes numériques, confirmant la capacité de sa pensée à s’adapter aux mutations du capitalisme.

Réalisations et héritage

Principales réalisations

  • Co-rédaction du Manifeste du parti communiste (1848)
  • Publication du Capital, livre I (1867)
  • Contribution fondatrice à l’Association internationale des travailleurs
  • Élaboration du matérialisme historique et de la théorie de la plus-value

Héritage historique

Les idées de Marx irriguent les mouvements ouvriers, les théories critiques du capitalisme, les politiques de redistribution sociale et les analyses contemporaines de la mondialisation économique.

Chronologie détaillée

Événements majeurs

1818

Naissance

Naissance à Trèves, dans une famille de juristes libéraux

1844

Rencontre avec Engels

Séjour parisien et début d’une collaboration intellectuelle décisive

1848

Manifeste du parti communiste

Publication du programme de la Ligue des communistes et agitation révolutionnaire en Allemagne

1864

Première Internationale

Création de l’Association internationale des travailleurs et rédaction des statuts

1867

Le Capital, livre I

Parution à Hambourg du premier volume de l’ouvrage majeur

1883

Décès

Mort à Londres et inhumation au cimetière de Highgate

Chronologie géographique

Citations célèbres

« Les philosophes n’ont fait qu’interpréter le monde de différentes manières ; ce qui importe, c’est de le transformer. »

— Karl Marx

« Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! »

— Karl Marx

« L’histoire de toute société jusqu’à nos jours est l’histoire de la lutte des classes. »

— Karl Marx

Questions fréquentes

Karl Marx naît le 5 mai 1818 à Trèves, dans le Royaume de Prusse, au sein d’une famille d’avocats d’origine juive convertie au protestantisme.

Son ouvrage majeur est Le Capital, dont le premier volume paraît en 1867 ; il y propose une critique systématique de l’économie politique classique et du mode de production capitaliste.

Ses critiques de la monarchie prussienne et son activisme révolutionnaire entraînent censure et expulsions successives d’Allemagne, de France et de Belgique, l’obligeant à se réfugier à Londres en 1849.

Il écrivait principalement en allemand mais travaillait aussi en français et en anglais ; ses carnets montrent une lecture aisée du grec ancien, du latin, du russe et de l’italien.

Les analyses de Marx ont façonné le marxisme, courant qui a inspiré partis socialistes, révolutions communistes, sciences sociales critiques et débats contemporains sur les inégalités.

Sources et bibliographie

Sources primaires

  • Karl Marx et Friedrich Engels — Manifeste du parti communiste
  • Karl Marx — Le Capital, livre I
  • Karl Marx — Grundrisse der Kritik der politischen Ökonomie
  • Karl Marx — Correspondance avec Friedrich Engels
  • Minutes de l’Association internationale des travailleurs (1864–1872)

Sources secondaires

  • David McLellan — Karl Marx: A Biography ISBN: 9780231135937
  • Gareth Stedman Jones — Karl Marx: Greatness and Illusion ISBN: 9780674971615
  • Mary Gabriel — Love and Capital: Karl and Jenny Marx and the Birth of a Revolution ISBN: 9780316066112
  • Kevin B. Anderson — Marx at the Margins: On Nationalism, Ethnicity, and Non-Western Societies ISBN: 9780226019847
  • Jonathan Sperber — Karl Marx: A Nineteenth-Century Life ISBN: 9780871407375

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