Léon Trotsky (1879 – 1940)
Résumé rapide
Léon Trotsky (1879 – 1940) est un révolutionnaire figure majeure de l'histoire. Né à Ianovka (Berestove), gouvernement de Kherson, Empire russe, Léon Trotsky a marqué son époque par organisation et direction de l’insurrection d’octobre 1917.
Naissance
7 novembre 1879 Ianovka (Berestove), gouvernement de Kherson, Empire russe
Décès
21 août 1940 Coyoacán, District fédéral, États-Unis du Mexique
Nationalité
Russe puis soviétique, apatride en exil
Occupations
Biographie complète
Origines et Enfance
Lev Davidovitch Bronstein naît dans une famille juive de paysans aisés installée dans la steppe ukrainienne, au sein d’une exploitation céréalière moderne. Son père David est un fermier entreprenant qui emploie des saisonniers ukrainiens et russes ; sa mère, Anna, veille à son éducation en langue russe, bien que le yiddish soit parlé à la maison. Enfant, Lev fréquente les écoles de Nikolaïev et d’Odessa, découvrant les lectures populistes et les débats politiques qui animent l’intelligentsia de la mer Noire à la fin du XIXᵉ siècle. Les discriminations envers les Juifs de l’Empire russe et l’atmosphère répressive du régime tsariste nourrissent chez le jeune Bronstein une sensibilité précoce à l’injustice sociale et aux idées révolutionnaires.
Formation Revolutionnaire
À l’adolescence, Bronstein rejoint un cercle d’étudiants marxistes, le « groupe Sud-Russe des travailleurs », qui diffuse des brochures clandestines inspirées de Gueorgui Plekhanov et de Marx. Arrêté en janvier 1898 par l’Okhrana, il passe deux ans en prison à Odessa avant d’être condamné à quatre ans d’exil en Sibérie, dans la province d’Irkoutsk. Durant cette période, il lit intensément, se marie avec l’activiste Alexandra Sokolovskaïa et organise un réseau de prisonniers politiques. En 1902, il s’évade caché dans une charrette de foin, adopte le pseudonyme « Trotsky » emprunté à l’un de ses geôliers, et gagne Londres, où il rejoint Lénine, Martov et les autres rédacteurs d’Iskra, le journal de la social-démocratie russe.
Revolution de 1905
De retour en Russie après la révolution de 1905, Trotsky s’impose comme un orateur brillant au soviet des ouvriers de Saint-Pétersbourg. Élu président du soviet en novembre, il défend l’idée d’un pouvoir de classe fondé sur les conseils ouvriers. Son arrestation et son procès spectaculaire renforcent sa notoriété : il prononce devant la cour un réquisitoire contre l’autocratie, qui sera diffusé sous le titre « Bilan et perspectives ». Condamné à l’exil perpétuel en Sibérie, il s’échappe à nouveau et reprend le chemin de l’émigration, installant son activité révolutionnaire entre Vienne, Paris et New York tout en affinant sa théorie de la révolution permanente. Les débats au sein de la social-démocratie russe, entre bolcheviks et mencheviks, le placent dans une position indépendante, critique envers la centralisation léniniste mais hostile au parlementarisme réformiste.
Premiere Guerre Mondiale et 1917
La Première Guerre mondiale surprend Trotsky à Vienne, où il dirige le journal Pravda en collaboration avec Adolf Joffé. Opposé à l’Union sacrée et à la guerre impérialiste, il est expulsé successivement d’Autriche, de France et d’Espagne, avant de s’installer aux États-Unis début 1917. À New York, il écrit pour le quotidien socialiste Novy Mir et prononce des conférences contre le militarisme. L’annonce de la révolution de Février le pousse à rentrer en Russie : il embarque à bord du Kristianiafjord, est arrêté par les autorités britanniques à Halifax, puis libéré grâce à la pression des travailleurs américains et canadiens. Arrivé à Petrograd en mai 1917, il se rapproche rapidement des bolcheviks, dont il rejoint officiellement les rangs en juillet, convaincu que seule une insurrection dirigée par les soviets peut mettre fin à la guerre et réaliser les revendications populaires.
Construction du Pouvoir Sovietique
Entre juillet et octobre 1917, Trotsky préside le soviet de Petrograd, dirige le Comité militaire révolutionnaire et coordonne les garnisons et les ouvriers armés. Sa capacité d’orateur, son sens de l’organisation et son autorité morale permettent de neutraliser les tentatives du gouvernement provisoire et de contrer la répression après les Journées de juillet. Lors de l’insurrection des 24-25 octobre (6-7 novembre), il supervise la prise des points stratégiques de la capitale et annonce, depuis la tribune du IIᵉ congrès des soviets, la chute du gouvernement de Kerenski. Nommé commissaire du peuple aux Affaires étrangères, il conduit les négociations de Brest-Litovsk avec les puissances centrales. Adoptant la formule « Ni guerre ni paix », il espère déclencher une révolution en Allemagne, mais l’offensive de l’armée allemande le contraint à signer, en mars 1918, un traité qui cède la Pologne, l’Ukraine et les pays baltes. Cette concession suscite un débat intense au sein du parti mais assure la survie du pouvoir soviétique naissant.
Guerre Civile et Armee Rouge
Lorsque la guerre civile éclate, Trotsky devient commissaire du peuple aux Affaires militaires et président du Conseil militaire révolutionnaire de la République. Il entreprend de transformer les détachements révolutionnaires en une armée régulière, recrute d’anciens officiers tsaristes sous contrôle politique et parcourt inlassablement le front à bord d’un train blindé équipé d’une imprimerie et d’un tribunal révolutionnaire. Son rôle est déterminant dans la défense de Petrograd contre Ioudenitch, dans la reconquête de la Volga face à Koltchak et dans l’écrasement de l’armée de Wrangel en Crimée. Ses directives combinent discipline stricte et mobilisation idéologique, suscitant l’admiration des partisans mais aussi des critiques pour sa rigueur parfois impitoyable. Il soutient la militarisation du travail pendant le « communisme de guerre », convaincu que l’économie soviétique doit se plier aux nécessités de la guerre.
Debats Ideologiques et Opposition
Après la victoire bolchevique, Trotsky s’oppose à la croissance de la bureaucratie et propose en 1923 la « Déclaration des 46 », appelant à démocratiser le parti. La maladie de Lénine et sa mort en janvier 1924 ouvrent la lutte pour la succession. Trotsky défend la révolution permanente contre la doctrine du « socialisme dans un seul pays » défendue par Staline, Zinoviev et Kamenev. Accusé de fractionnisme, il est écarté du commissariat à la Guerre, puis exclu du Comité central. Les procès internes de 1926-1927 aboutissent à son expulsion du Parti communiste et à son bannissement au Kazakhstan. Malgré la surveillance du GPU, il continue d’écrire des analyses critiques sur l’appareil soviétique, notamment « La Révolution trahie », où il décrit la formation d’une caste bureaucratique usurpant le pouvoir des travailleurs.
Exils et Vie Itinerante
Déporté à Alma-Ata en 1928, Trotsky est expulsé d’Union soviétique l’année suivante et trouve refuge sur l’île turque de Büyükada, près d’Istanbul. Là, il rédige ses mémoires « Ma vie » et une biographie monumentale de Lénine, tout en animant l’Opposition de gauche internationale. Expulsé de Turquie en 1933, il séjourne brièvement en France (à Royan puis à Barbizon), où les autorités lui imposent résidence surveillée, avant d’être contraint de quitter le territoire. La Norvège l’accueille en 1935, mais le gouvernement de Nygaardsvold, sous pression diplomatique soviétique, l’assigne à domicile à Hurum. Les procès de Moscou de 1936-1938, qui condamnent à mort la plupart de ses anciens camarades, l’amènent à témoigner devant la Commission Dewey à Coyoacán pour réfuter les accusations de conspiration. Ce périple permanent mine sa santé et éprouve sa famille : sa fille Zinaïda se suicide à Berlin, son fils Léon Sedov meurt empoisonné à Paris, tandis que les agents staliniens multiplient les attentats contre son entourage.
Fondation de la Quatrieme Internationale
Convaincu que l’Internationale communiste est irrémédiablement subordonnée à la bureaucratie stalinienne, Trotsky appelle à construire une nouvelle organisation mondiale. Depuis son refuge mexicain obtenu grâce à l’intervention de Diego Rivera et Frida Kahlo, il rassemble les sections de l’Opposition de gauche et publie le « Programme de transition », qui analyse la montée du fascisme, la crise du capitalisme et les tâches des révolutionnaires. En septembre 1938, la Quatrième Internationale est proclamée à Périgny, près de Paris, en son absence forcée. Trotsky y voit un noyau destiné à guider les masses dans la lutte contre le fascisme, le colonialisme et la guerre imminente. Il correspond avec des militants en Europe, en Amérique latine et aux États-Unis, commentant la guerre d’Espagne, le pacte germano-soviétique et les perspectives révolutionnaires d’après-guerre.
Assassinat et Reception
La traque orchestrée par Staline atteint son apogée au Mexique. Après une première attaque armée contre sa maison en mai 1940, menée par le muraliste stalinien Siqueiros, Trotsky renforce sa sécurité. Mais l’agent du NKVD Ramón Mercader, se faisant passer pour un sympathisant nommé « Jacques Mornard », gagne la confiance de son entourage. Le 20 août 1940, il l’agresse avec un piolet ; Trotsky résiste, lutte avec son assassin et demande à ses gardes de l’épargner pour obtenir des aveux. Hospitalisé, il meurt le 21 août, déclarant que sa foi dans la victoire du socialisme demeure intacte. Son héritage continue de susciter débats et recherches : les trotskistes voient en lui le défenseur de la démocratie ouvrière, tandis que ses critiques l’accusent de rigidité doctrinale. Les archives ouvertes après la chute de l’URSS ont permis de réévaluer son rôle, confirmant son importance capitale dans la révolution et la guerre civile tout en éclairant les tensions internes du bolchevisme.
Réalisations et héritage
Principales réalisations
- Organisation et direction de l’insurrection d’Octobre 1917
- Création et commandement de l’Armée rouge pendant la guerre civile
- Négociation du traité de Brest-Litovsk mettant fin à la participation russe à la Première Guerre mondiale
- Fondation de l’Opposition de gauche internationale et de la Quatrième Internationale
Héritage historique
Léon Trotsky demeure une référence majeure pour les courants marxistes internationalistes et pour l’historiographie de la révolution russe. Ses écrits sur la révolution permanente, la bureaucratie soviétique et le fascisme continuent d’alimenter les débats académiques et militants sur les voies de l’émancipation. Sa trajectoire, ponctuée d’exils et de combats politiques, illustre les tensions internes du mouvement communiste et la complexité des révolutions du XXᵉ siècle.
Chronologie détaillée
Événements majeurs
Naissance
Lev Bronstein naît à Ianovka, dans une famille juive de fermiers prospères du sud de l’Empire russe.
Première arrestation
Arrêté pour activités révolutionnaires, il est condamné à l’exil en Sibérie, où il adopte bientôt le pseudonyme Trotsky.
Présidence du soviet
Élu président du soviet de Saint-Pétersbourg, il devient l’une des figures majeures de la révolution de 1905.
Révolution d’Octobre
À la tête du Comité militaire révolutionnaire, il coordonne l’insurrection bolchevique qui renverse le gouvernement provisoire.
Traité de Brest-Litovsk
Commissaire du peuple aux Affaires étrangères, il signe la paix avec les puissances centrales pour préserver le pouvoir soviétique.
Armée rouge
Organisateur et chef de l’Armée rouge, il conduit les campagnes décisives de la guerre civile contre les forces antibolcheviques.
Exclusion
Banni du Parti communiste pour opposition à Staline, il est contraint à l’exil intérieur, prélude à son expulsion d’URSS.
Quatrième Internationale
Depuis le Mexique, il impulse la création d’une nouvelle internationale révolutionnaire pour combattre fascisme et stalinisme.
Assassinat
Victime d’un attentat organisé par le NKVD à Coyoacán, il succombe le 21 août 1940.
Chronologie géographique
Citations célèbres
« L’histoire n’est pas un fleuve tranquille : elle avance par crises où l’action consciente des masses devient décisive. »
« La révolution permanente est la loi de l’histoire moderne : elle lie la démocratie à la transformation socialiste du monde. »
« Il n’est pas de cause plus noble que la lutte pour émanciper la classe ouvrière de toute forme d’oppression. »
Liens externes
Questions fréquentes
Quand Léon Trotsky est-il né et mort ?
Il est né le 7 novembre 1879 (25 octobre selon le calendrier julien) à Ianovka, dans l’Empire russe, et il a été assassiné le 21 août 1940 à Coyoacán, au Mexique, succombant le lendemain à ses blessures.
Quel rôle a-t-il joué pendant la révolution russe de 1917 ?
Trotsky fut président du soviet de Petrograd, dirigea le Comité militaire révolutionnaire qui lança l’insurrection d’Octobre et devint commissaire du peuple aux Affaires étrangères, négociant le traité de Brest-Litovsk avec les puissances centrales.
Pourquoi est-il entré en conflit avec Joseph Staline ?
Il critiqua la bureaucratisation du parti, rejeta la théorie du « socialisme dans un seul pays » et défendit une révolution mondiale permanente ; ces divergences idéologiques et la lutte pour la succession de Lénine conduisirent à son éviction, puis à son exil.
Qu’est-ce que la révolution permanente selon Trotsky ?
C’est une théorie affirmant que, dans les pays arriérés, la classe ouvrière peut diriger une révolution démocratique et la prolonger en révolution socialiste, à condition d’un soutien international, sans étapes nationales séparées ni compromis durables avec la bourgeoisie.
Comment s’est déroulé son assassinat ?
Le 20 août 1940, l’espion espagnol Ramón Mercader, infiltré auprès de Trotsky sous une fausse identité, le frappa à la tête avec un piolet dans son bureau de Coyoacán ; Trotsky mourut le lendemain à l’hôpital, après avoir exhorté ses partisans à poursuivre la lutte contre le stalinisme.
Sources et bibliographie
Sources primaires
- Léon Trotsky — Ma vie
- Léon Trotsky — Histoire de la révolution russe
Sources secondaires
- Isaac Deutscher — Le Prophète armé, le Prophète désarmé, le Prophète hors-la-loi ISBN: 9782070444681
- Pierre Broué — Trotsky ISBN: 9782070305906
- Jean-Jacques Marie — Trotsky ISBN: 9782262022349
Références externes
Voir aussi
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