Charles de Gaulle (1890 – 1970)

Résumé rapide

Charles de Gaulle (1890 – 1970) est un officier de carrière figure majeure de l'histoire. Né à Lille, Nord, France, Charles de Gaulle a marqué son époque par lance l’appel du 18 juin 1940 et organise la france libre.

Lecture: 28 min • Mis à jour: 24/09/2025

Portrait détaillé de Charles de Gaulle en uniforme de général, portant le képi orné de feuilles de chêne, regard déterminé, éclairage évoquant une photographie officielle des années 1940.

À la une

Naissance

22 novembre 1890 Lille, Nord, France

Décès

9 novembre 1970 Colombey-les-Deux-Églises, Haute-Marne, France

Nationalité

Française

Occupations

Officier de carrière Chef de la Résistance française Homme d'État Président de la République française Auteur de mémoires

Biographie complète

Origines et Enfance

Issu d’une famille catholique et monarchiste de Lille, Charles de Gaulle grandit dans un milieu lettré où l’on vénère l’histoire nationale. Son père, Henri de Gaulle, enseigne les lettres et l’histoire ; sa mère, Jeanne Maillot, transmet un patriotisme fervent nourri de traditions. Élève au collège jésuite de l’Immaculée-Conception à Paris, puis au lycée de Lille, Charles se passionne pour la stratégie militaire et l’épopée napoléonienne. En 1909, il intègre l’École spéciale militaire de Saint-Cyr, dont il sort sous-lieutenant d’infanterie en 1912, affecté au 33e régiment d’Arras commandé par le colonel Pétain. Cette formation austère forge un officier rigoureux, convaincu de la nécessité d’une armée modernisée et offensive. Les premières années de service confirment son tempérament. En garnison à Arras puis à Saint-Omer, il participe aux exercices d’état-major et rédige des notes tactiques. Admirateur de Bergson et de Péguy, il développe une vision mystique de la France, perçue comme détentrice d’un rôle historique majeur. Son ambition professionnelle reste toutefois mesurée par le respect des hiérarchies militaires d’avant-guerre, encore marquées par le traumatisme de 1870.

Contexte Historique

La naissance de de Gaulle s’inscrit dans une France de la IIIe République, républicaine mais divisée. L’affaire Dreyfus, la séparation des Églises et de l’État, l’essor industriel et colonial transforment la société. L’armée, pilier de la revanche contre l’Allemagne, débat de doctrine : offensive à outrance contre défense méthodique. L’Europe vit sous tension : alliances rigides, course aux armements, nationalismes exacerbés. La Première Guerre mondiale éclate en 1914, confirmant les craintes d’un conflit total. La France mobilise des millions d’hommes ; les offensives meurtrières ravagent le Nord et l’Est. Pour de Gaulle, jeune lieutenant, la guerre devient laboratoire d’endurance et de réflexion stratégique. Capturé à Verdun en mars 1916 après cinq blessures, il passe vingt-sept mois en captivité en Allemagne, multiplie les tentatives d’évasion et étudie Clausewitz et Foch. L’expérience révèle les limites du commandement traditionnel et inspire son plaidoyer futur pour une armée mécanisée. Les années 1920-1930 voient la France victorieuse mais inquiète face à l’instabilité européenne, à la montée des totalitarismes et à la crise économique. De Gaulle observe la rigidité politique, la dépendance coloniale et la fragilité d’une défense fondée sur la ligne Maginot, autant d’éléments qui nourrissent son pessimisme face au déclin français.

Ministere Public

Dans l’entre-deux-guerres, de Gaulle poursuit une carrière d’officier d’état-major, enseignant à l’École de guerre et publiant des analyses audacieuses. Dans Vers l’armée de métier (1934), il plaide pour des unités blindées autonomes et une stratégie de choc destinée à surprendre l’ennemi. Ses idées rencontrent peu d’écho dans un pays attaché à la défense statique, mais elles attirent l’attention de quelques politiques, dont Paul Reynaud. La débâcle de mai-juin 1940 lui offre un rôle de premier plan : colonel commandant la 4e division cuirassée, il mène des contre-attaques retardatrices sur l’Aisne. Promu général de brigade à titre temporaire, nommé sous-secrétaire d’État à la Guerre le 6 juin, il tente de convaincre le gouvernement de continuer le combat depuis l’Empire. Refusant l’armistice signé par le maréchal Pétain, il rejoint Londres et lance sur les ondes de la BBC l’Appel du 18 Juin, manifeste fondateur de la France libre. Depuis Carlton Gardens, il organise les Forces françaises libres, rallie progressivement les colonies d’Afrique équatoriale, installe un comité national, participe aux campagnes du désert et au débarquement de Normandie. Son autorité, contestée par les Alliés anglo-américains, s’impose grâce à son intransigeance sur la souveraineté française. À la Libération, il dirige le Gouvernement provisoire de la République française (GPRF), rétablit les institutions républicaines, nationalise des secteurs clés et lance la Sécurité sociale.

Enseignement et Message

Le message gaullien repose sur quelques principes récurrents : la grandeur de la France, l’indépendance nationale, l’unité du peuple au-delà des partis. De Gaulle se méfie des querelles parlementaires qu’il juge stériles et défend un exécutif fort, incarné par un chef capable d’arbitrer et de décider. Ses discours, de Londres à Bayeux, de Brazzaville à Alger, sont construits comme des leçons d’histoire et de morale, exaltant le destin national, la continuité de l’État et la nécessité du courage. Il valorise aussi la participation populaire : référendums, appel à la jeunesse, dialogue avec les syndicats. Sa conception sociale, inspirée du catholicisme social et du solidarisme, prône la participation des travailleurs aux entreprises et la justice sociale sans collectivisme. Sur la scène internationale, il promeut une « certaine idée de la France » : alliée mais libre, européenne mais souveraine, tournée vers la francophonie et le tiers-monde.

Activite En Galilee

Dans les années 1940-1950, l’« activité en Galilée » du général se traduit par ses tournées sur les territoires libres et coloniales : Brazzaville, Alger, Casablanca, Londres, Moscou, Washington. Chaque déplacement vise à légitimer la France libre, obtenir des moyens, affirmer la continuité de l’État. Après 1944, ses voyages en France libérée – Bayeux, Paris, Strasbourg – galvanisent la population et réaffirment l’autorité publique. Durant sa présidence (1959-1969), il parcourt la France métropolitaine, les départements d’outre-mer et les anciennes colonies pour promouvoir la nouvelle République et la coopération. Le voyage de 1960 en Afrique subsaharienne accompagne l’accession à l’indépendance ; celui de 1967 au Canada culmine avec le célèbre « Vive le Québec libre ! ». Chaque déplacement s’inscrit dans une stratégie de rayonnement et de diplomatie populaire.

Montee A Jerusalem et Conflit

La « montée à Jérusalem » de de Gaulle correspond à son retour au pouvoir pendant la crise algérienne. En mai 1958, l’insurrection d’Alger menace la IVe République. Appelé par l’armée et une partie de la classe politique, de Gaulle pose ses conditions : pleins pouvoirs pour six mois et mandat pour élaborer une nouvelle constitution. Le 1er juin, l’Assemblée l’investit président du Conseil ; le 4, à Alger, il prononce « Je vous ai compris », phrase devenue symbole de son art du double langage. La rédaction de la Constitution de 1958, confiée à Michel Debré, renforce la présidence, introduit le référendum et assure la stabilité gouvernementale. Les oppositions – communistes, partisans de l’Algérie française – dénoncent un risque de pouvoir personnel. De Gaulle manoeuvre entre l’armée, les colons et les indépendantistes, engage des négociations secrètes avec le FLN. Les attentats de l’OAS, la semaine des barricades et le putsch d’avril 1961 illustrent l’hostilité des ultras. Les Accords d’Évian de mars 1962 mettent fin à la guerre d’Algérie et déclenchent l’exode des pieds-noirs, scellant une rupture définitive avec l’armée d’Afrique.

Sources et Temoinages

L’histoire de de Gaulle est abondamment documentée. Ses propres écrits – Mémoires de guerre, Discours et messages, Mémoires d’espoir – offrent une vision téléologique et littéraire de son action. Les archives du Service historique de la Défense, les fonds du Quai d’Orsay et les papiers de la Fondation Charles-de-Gaulle complètent la documentation. Les témoins proches – Georges Pompidou, André Malraux, Jacques Foccart, René Pleven – ont laissé correspondances et témoignages éclairant les coulisses du pouvoir. Les sources alliées, notamment britanniques et américaines, rendent compte des relations parfois tendues avec Churchill et Roosevelt. Les historiens disposent également des rapports des services secrets, des débats parlementaires, des enregistrements radiophoniques et télévisés, offrant un corpus riche pour comprendre la construction du gaullisme.

Interpretations Historiques

Depuis les années 1970, l’historiographie gaullienne oscille entre hagiographie et critique. Jean Lacouture, Éric Roussel, Julian Jackson, Maurice Vaïsse ou Frédéric Turpin ont analysé le parcours du général, soulignant sa capacité à incarner la nation dans les crises majeures. Certains historiens insistent sur son pragmatisme économique, d’autres sur son conservatisme social ou ses ambiguïtés coloniales. Le débat porte aussi sur la nature du gaullisme : mouvement de rassemblement au-dessus des partis ou idéologie nationale-conservatrice ? Les politistes y voient un modèle de présidentialisme fort ; les sociologues, une mythologie mobilisatrice. Les critiques évoquent sa méfiance envers les contre-pouvoirs, son rapport conflictuel aux médias et aux institutions européennes. Pourtant, la plupart reconnaissent la cohérence de son projet : rendre à la France son indépendance de décision dans un monde bipolaire.

Heritage

Le legs de Charles de Gaulle est multiple. Institutionnel : une Ve République stable, qui survit à plusieurs alternances. Diplomatique : la dissuasion nucléaire, le siège permanent au Conseil de sécurité, une politique arabe et africaine indépendante. Économique : le lancement du plan de stabilisation de 1958, des grands programmes industriels (Caravelle, Concorde, programme spatial Diamant), la création de la DATAR pour aménager le territoire. Social : la participation, la formation professionnelle, l’ordonnance de 1967 sur la sécurité sociale. Son héritage symbolique demeure puissant : statues, musées, commémorations, discours politiques qui invoquent « l’esprit du 18 Juin ». La Fondation Charles-de-Gaulle, l’Institut et le mémorial de Colombey entretiennent la mémoire gaullienne. Dans la culture populaire, de Gaulle apparaît comme la figure tutélaire de la résilience française, référence incontournable des débats sur la souveraineté, l’Europe et la mondialisation.

Réalisations et héritage

Principales réalisations

Lance l’Appel du 18 Juin 1940 et organise la France libre
Unifie la Résistance intérieure et extérieure au sein du CFLN puis du GPRF
Restaure l’autorité de l’État et pose les bases de l’État-providence à la Libération
Fonde la Ve République et devient son premier président
Négocie les Accords d’Évian mettant fin à la guerre d’Algérie
Affirme l’indépendance diplomatique et nucléaire de la France

Héritage historique

Charles de Gaulle laisse une architecture institutionnelle solide, une diplomatie de souveraineté et une mémoire nationale de résistance. Sa pensée inspire toujours les débats sur l’autorité de l’État, la place de la France en Europe et la capacité des nations à rester maîtresses de leur destin dans la mondialisation.

Chronologie détaillée

Événements majeurs

1890

Naissance

Naît à Lille dans une famille catholique et patriote

1916

Verdun

Blessé et capturé lors de la bataille de Verdun après avoir commandé sa compagnie

1934

Vers l’armée de métier

Publie son essai stratégique plaidant pour des forces mécanisées professionnelles

1940

Appel du 18 Juin

Depuis Londres, appelle à poursuivre la lutte contre l’Allemagne nazie

1944

Libération de Paris

Prend la tête du Gouvernement provisoire après l’insurrection parisienne

1958

Retour au pouvoir

Investi président du Conseil, il engage la rédaction de la Constitution de la Ve République

1962

Accords d’Évian

Met fin à la guerre d’Algérie et reconnaît l’indépendance

1969

Démission

Quitte la présidence après l’échec du référendum sur la régionalisation

1970

Décès

Meurt subitement à Colombey-les-Deux-Églises

Chronologie géographique

Citations célèbres

« La France ne peut être la France sans la grandeur. »

— Charles de Gaulle

« Toute ma vie, je me suis fait une certaine idée de la France. »

— Charles de Gaulle

« Vive le Québec libre ! »

— Charles de Gaulle

« L’intendance suivra. »

— Charles de Gaulle

Liens externes

Fondation Charles de Gaulle – Archives et expositions Archives nationales – Dossiers Charles de Gaulle Service historique de la Défense – Fonds de Gaulle

Questions fréquentes

Quand Charles de Gaulle est-il né et quand est-il mort ?

Né le 22 novembre 1890 à Lille, il meurt le 9 novembre 1970 à Colombey-les-Deux-Églises d’un anévrisme.

Quel rôle joue-t-il pendant la Seconde Guerre mondiale ?

Sous-secrétaire d’État à la Guerre en juin 1940, il refuse l’armistice, lance l’Appel du 18 Juin depuis Londres et dirige la France libre, unifiant progressivement les mouvements de Résistance et les forces coloniales.

Comment a-t-il fondé la Ve République ?

Rappelé au pouvoir lors de la crise de mai 1958, de Gaulle obtient les pleins pouvoirs constituants, rédige avec Michel Debré une nouvelle constitution renforçant l’exécutif et devient le premier président de la Ve République en janvier 1959.

Quelle est sa vision de la politique étrangère ?

Il défend une diplomatie d’indépendance nationale : retrait du commandement intégré de l’OTAN, reconnaissance de la Chine populaire, veto à l’entrée du Royaume-Uni dans la CEE et promotion d’une Europe des États souverains.

Quels textes a-t-il laissés ?

Ses Mémoires de guerre (1954–1959) et Mémoires d’espoir (1970–1971) constituent des références majeures, mêlant justification politique, récit historique et vision du destin français.

Sources et bibliographie

Sources primaires

Charles de Gaulle – Mémoires de guerre (3 vol.)
Discours et messages, 1940-1969
Fondation Charles-de-Gaulle – Chronologie du Général

Sources secondaires

Jean Lacouture – De Gaulle (3 tomes) ISBN: 9782070732480
Éric Roussel – Charles de Gaulle ISBN: 9782213627319
Julian Jackson – De Gaulle ISBN: 9780674987210
Maurice Vaïsse – La grandeur. Politique étrangère du général de Gaulle ISBN: 9782746737236
Frédéric Turpin – De Gaulle, les États-Unis et l’Algérie ISBN: 9782130621845