Yaa Asantewaa (vers 1840 – 1921)
Résumé rapide
Yaa Asantewaa (vers 1840 – 1921) est une reine mère figure majeure de l'histoire. Née à Besease, État d'Ejisu, Empire ashanti, Yaa Asantewaa a marqué son époque par leadership du soulèvement ashanti pendant la guerre du trône d'or (1900-1901).
Naissance
1840 Besease, État d'Ejisu, Empire ashanti
Décès
17 octobre 1921 Victoria, îles Seychelles, Empire britannique
Nationalité
Ashanti
Occupations
Biographie complète
Origines et Enfance
Née vers 1840 à Besease, proche d'Ejisu, Yaa Asantewaa appartient au clan Oyoko, l'une des principales lignées de la confédération ashanti. Les sources orales soulignent son éducation dans les traditions politiques et spirituelles transmises par les femmes aînées, garantes de la succession matrilinéaire. Sa jeunesse se déroule sous le règne du roi Kwaku Dua I, période marquée par la prospérité commerciale d'Elmina et par l'affirmation d'une aristocratie guerrière. Mariée à un riche cultivateur de cacao et de kolas, elle acquiert une position économique solide lui permettant de soutenir ses proches et de financer les obligations rituelles du clan. À la mort de son frère aîné, Nana Akwasi Afrane Okpese, chef d'Ejisu, elle devient l'oyahemaa (reine mère), rôle combinant autorité politique, arbitrage judiciaire et gestion des terres du stool.
Contexte Historique
Le XIXe siècle ashanti est traversé par une succession de conflits avec l'Empire britannique et les États côtiers de la Côte-de-l'Or. Après les guerres de 1823-1831 et la signature du traité de Fomena, la cour de Kumasi tente de maintenir sa souveraineté face à l'expansion commerciale européenne et aux migrations vers les mines d'or. L'annexion britannique de la Côte-de-l'Or en 1874, suivie de l'incendie de Kumasi, affaiblit le pouvoir royal. Les divisions internes s'accentuent après l'exil du roi Prempeh Ier en 1896, lorsque les Britanniques imposent un conseil colonial à Kumasi. Dans ce contexte de domination indirecte, les Ashanti s'accrochent aux symboles de légitimité, au premier rang desquels le Sika Dwa Kofi, le Trône d'Or supposé abriter l'âme du peuple. L'arrivée en 1899 du gouverneur Frederick Hodgson, décidé à asseoir l'autorité coloniale sur l'arrière-pays, exacerbe les tensions.
Ministere Public
À la fin du XIXe siècle, Yaa Asantewaa multiplie les interventions en conseil pour défendre la cohésion d'Ejisu et préserver les prérogatives de la chefferie. Elle protège les dépôts d'or, supervise la distribution des récoltes et maintient les réseaux de solidarité féminins. Lorsque le gouverneur Hodgson convoque les chefs à Kumasi en mars 1900 et exige la remise du Trône d'Or, elle prononce un discours resté célèbre dans lequel elle admoneste les dirigeants hésitants : si les hommes ne se lèvent pas, les femmes combattront. Cette prise de parole publique, relayée par les griots, cristallise l'opposition. Elle est élue commandante des forces d'Ejisu et participe à la coordination des sièges contre le fort de Kumasi. Ses talents d'oratrice, son usage de proverbes et sa capacité à mobiliser les réseaux de messagères (nnoboa) en font une figure incontournable du mouvement anti-colonial.
Enseignement et Message
Le message de Yaa Asantewaa associe traditions ancestrales et modernité politique. Dans ses exhortations, elle rappelle que le Trône d'Or n'est pas un simple objet mais l'incarnation collective du peuple ashanti. Elle prône la fidélité aux ancêtres, la discipline militaire et la redistribution des richesses pour soutenir l'effort de guerre. Elle insiste également sur la participation des femmes à la défense de la communauté, rompant avec les stéréotypes coloniaux qui cantonnaient les Africaines à la sphère domestique. Son langage mêle images agricoles, références aux rituels de purification et citations des serments royaux. En revendiquant l'autonomie judiciaire et la capacité des Ashanti à se gouverner eux-mêmes, elle élabore un discours proto-nationaliste qui inspirera plus tard les leaders indépendantistes ghanéens.
Activite En Galilee
Pendant la guerre du Trône d'Or (mars 1900 - septembre 1901), Yaa Asantewaa organise la résistance dans la région d'Ejisu-Juaben. Elle supervise l'érection de fortifications de terre, la collecte des armes à silex et l'entraînement des contingents féminins chargés de la logistique. Elle coordonne les attaques contre les convois britanniques en utilisant la connaissance des forêts de la vallée de l'Ofin. Bien que l'expression « activité en Galilée » ne corresponde pas à son univers, sa campagne se déroule dans la savane arborée et les collines d'Ashanti, où villages et sanctuaires servent de bases. Elle utilise les routes de caravanes reliant Kumasi à la côte pour perturber l'approvisionnement colonial, tout en maintenant des alliances avec les États Bono et les commerçants mandingues.
Montee A Jerusalem et Conflit
À l'été 1900, la résistance ashanti atteint son paroxysme avec le siège du fort de Kumasi, où Hodgson et sa garnison se retranchent. Yaa Asantewaa délègue des capitaines pour verrouiller les voies d'accès et empêche les communications avec la côte pendant plusieurs semaines. La contre-offensive britannique, menée par le colonel James Willcocks avec des troupes venues du Nigeria et de la Sierra Leone, brise finalement l'encerclement en juillet. Les combats de Kokofu, Bekwai et Obuasi provoquent de lourdes pertes. En décembre 1900, Yaa Asantewaa est capturée à Bomfa. Jugée par une commission militaire, elle est déportée en janvier 1901 avec quarante-et-un dignitaires, dont les chefs de Juaben et de Kumasi. L'abolition officielle du royaume ashanti par les Britanniques en septembre 1901 marque la fin institutionnelle de la monarchie, même si le Trône d'Or reste dissimulé par les prêtres.
Sources et Temoinages
Les connaissances sur Yaa Asantewaa reposent sur des chroniques missionnaires, les rapports du Colonial Office, les témoignages de soldats west-africains et la mémoire orale transmise par les griots ashanti. Les archives de la Public Record Office de Londres conservent la correspondance d'Hodgson, tandis que les journaux de la Basel Mission décrivent l'atmosphère à Kumasi. Les récits collectés par les historiens ghanéens Adu Boahen, A. A. Amankwah et Ivor Wilks au XXe siècle permettent de reconstituer la stratégie de la reine mère. Les musées nationaux du Ghana abritent des objets attribués à Yaa Asantewaa, notamment ses fusils et des parures cérémonielles, confirmant son statut de gardienne du patrimoine.
Interpretations Historiques
À partir des années 1960, l'indépendance du Ghana ravive l'intérêt pour Yaa Asantewaa. Les chercheurs la décrivent tour à tour comme patriote, féministe avant la lettre ou héroïne nationale. Les analyses de Jean Allman, T. C. McCaskie et Nana Arhin Brempong éclairent les ressorts matrilinéaires du pouvoir ashanti et la place des femmes dans la guerre. Les historiens britanniques, s'appuyant sur les archives militaires, soulignent la détermination et l'organisation de la résistance, rappelant que la guerre du Trône d'Or fut l'un des conflits coloniaux les plus coûteux de la région. Les artistes ghanéens des années 1980, comme l'écrivain Ama Ata Aidoo ou le dramaturge Kofi Anyidoho, réinterprètent son discours pour nourrir une identité panafricaine. Dans les études contemporaines, Yaa Asantewaa est présentée comme une figure intersectionnelle, à la croisée des luttes anticoloniales, des droits des femmes et de la préservation culturelle.
Heritage
Après son exil aux Seychelles, Yaa Asantewaa meurt loin d'Ejisu en 1921. Sa dépouille n'est rapatriée qu'en 1924, lors de la restauration du royaume ashanti par le gouvernement colonial. Depuis, son nom orne écoles, universités et programmes d'émancipation féminine à travers le Ghana. En 2000, pour le centenaire de la guerre du Trône d'Or, le Ghana inaugure le Yaa Asantewaa Museum à Ejisu et crée une fête nationale en son honneur. Les mouvements panafricanistes et les diasporas afro-descendantes voient en elle un symbole de dignité et de résistance. Sa mémoire est invoquée lors des manifestations pour la souveraineté économique et contre l'exploitation des ressources. Dans les cercles féministes africains, elle incarne la capacité des femmes à diriger des armées, négocier avec des puissances coloniales et inspirer des générations entières à revendiquer leurs droits civiques et culturels.
Réalisations et héritage
Principales réalisations
- Leadership du soulèvement ashanti pendant la guerre du Trône d'Or (1900-1901)
- Mobilisation des réseaux féminins ashanti pour la défense du Trône d'Or
- Protection du patrimoine culturel ashanti face à l'ingérence coloniale
- Inspiration majeure pour les mouvements nationalistes ghanéens et panafricains
Héritage historique
Yaa Asantewaa incarne la résistance ashanti face à l'impérialisme britannique et inspire les générations ghanéennes dans la quête d'indépendance, de justice et d'émancipation féminine. Son nom résonne dans les écoles, les musées et les mouvements panafricains comme symbole d'autorité morale et de courage politique.
Chronologie détaillée
Événements majeurs
Naissance
Naît à Besease, près d'Ejisu, dans le clan Oyoko du royaume ashanti
Accession au titre de reine mère
Succède à son frère Nana Akwasi Afrane Okpese comme oyahemaa d'Ejisu
Discours de Kumasi
S'oppose publiquement à la demande britannique de remettre le Trône d'Or
Siège de Kumasi
Dirige les forces ashanti lors du siège du fort britannique
Capture et exil
Capturée par les Britanniques et déportée aux Seychelles avec d'autres chefs
Décès
Meurt en exil à Victoria, île de Mahé, Empire britannique
Chronologie géographique
Citations célèbres
« Si vous, les hommes d'Ashanti, vous n'aviez pas le courage, demain nous nous lèverons, les femmes. »
« Le Trône d'Or est l'âme du peuple ashanti ; aucun conquérant ne le possédera vivant. »
« Tant que nos tambours résonneront, la mémoire d'Ejisu ne se soumettra pas. »
Liens externes
Questions fréquentes
Quand est née et morte Yaa Asantewaa ?
Les historiens situent sa naissance aux alentours de 1840 dans l'État ashanti d'Ejisu, et sa mort le 17 octobre 1921 en exil sur l'île de Mahé, aux Seychelles.
Quel rôle joua-t-elle dans le royaume ashanti ?
En tant que reine mère d'Ejisu, elle conseillait les chefs, protégeait la lignée royale et gardait le Trône d'Or, symbole de la souveraineté ashanti.
Pourquoi mena-t-elle la guerre du Trône d'Or ?
Elle s'opposa à l'ordre du gouverneur britannique Frederick Hodgson de remettre le Trône d'Or, jugeant cette exigence sacrilège et menaçant l'autonomie ashanti.
Quels furent les résultats de la révolte ?
Malgré une mobilisation massive, l'armée ashanti fut vaincue par les renforts britanniques en 1901 ; Yaa Asantewaa et plusieurs chefs furent capturés et déportés.
Quel héritage laisse-t-elle ?
Sa résistance est devenue un symbole de courage féminin, d'indépendance ghanéenne et d'inspiration pour les mouvements panafricains du XXe siècle.
Sources et bibliographie
Sources primaires
- Public Record Office (UK) – CO 96/347, Correspondence on the Ashanti Campaign
- Frederick Hodgson – Dispatches to the Colonial Office (1900)
Sources secondaires
- Adu Boahen – Yaa Asantewaa and the Asante-British War of 1900-1 ISBN: 9789988600460
- Jean Allman – The Quills of the Porcupine: Asante Nationalism in an Emergent Ghana ISBN: 9780299154846
- Ivor Wilks – Asante in the Nineteenth Century ISBN: 9780521091914
- Thomas J. Barker – The Asante War, 1899-1901 ISBN: 9789964301296
- UNESCO – Women in African History: Yaa Asantewaa
- Basil Davidson – A History of West Africa, 1000-1800 ISBN: 9780582600302
- T. C. McCaskie – State and Society in Pre-Colonial Asante ISBN: 9780521646206
- Ama Ata Aidoo – Anowa and the legacy of Yaa Asantewaa ISBN: 9789964706015
Références externes
Voir aussi
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