Sophie Scholl (1921 – 1943)

Résumé rapide

Sophie Scholl (1921 – 1943) est un étudiante en biologie et philosophie figure majeure de l'histoire. Né à Forchtenberg, République de Weimar (Allemagne), Sophie Scholl a marqué son époque par co-rédaction et diffusion des tracts de la rose blanche.

Lecture: 28 min Mis à jour: 10/05/2024
Portrait réaliste de Sophie Scholl, cheveux bruns coupés au carré, broche blanche sur un manteau sombre, regard déterminé mais serein, lumière douce rappelant les photographies des années 1940.
À la une

Naissance

9 mai 1921 Forchtenberg, République de Weimar (Allemagne)

Décès

22 février 1943 Munich, Gau de Bavière, Allemagne nazie

Nationalité

Allemande

Occupations

Étudiante en biologie et philosophie Militante antinazie Membre de la Rose blanche Aide-soignante bénévole

Biographie complète

Origines et Enfance

Sophie Magdalena Scholl naît le 9 mai 1921 à Forchtenberg, petite ville du Wurtemberg où son père, Robert Scholl, exerce les fonctions de bourgmestre démocrate-libéral. Sa mère, Magdalena Scholl, est infirmière et membre active de l’Église luthérienne. L’environnement familial valorise la lecture, la musique et le débat moral. Les cinq enfants Scholl – Inge, Hans, Elisabeth, Sophie et Werner – grandissent dans un foyer où la foi protestante s’associe à une culture civique libérale, nourrie par les idées de Leonard Ragaz, de Dietrich Bonhoeffer et par la critique du militarisme prussien. En 1933, la famille déménage à Ulm, où Robert dirige un cabinet de conseil fiscal. Sophie et ses frères rejoignent les organisations de jeunesse nazies, les Bund Deutscher Mädel et Hitlerjugend, par enthousiasme générationnel autant que par conformité aux attentes sociales. La jeune fille obtient rapidement des responsabilités d’encadrement, témoignant d’un charisme pédagogique. Cependant, l’instruction religieuse domestique, les discussions politiques du père et la lecture clandestine de journaux étrangers entretiennent chez elle un regard critique croissant sur la propagande nationale-socialiste.

Contexte Historique

Le Reich hitlérien se consolide après 1933 par la Gleichschaltung, la suppression des partis et la mise au pas des institutions culturelles. Dans le Wurtemberg et en Bavière, les Églises protestantes se divisent entre partisans des ‘Chrétiens allemands’ et la ‘Confession de foi de Barmen’. La jeunesse est mobilisée dans des organisations paramilitaires, les universités subissent l’épuration des professeurs juifs ou opposants, et les mobilisations de masse orchestrent une adhésion apparente. Les Scholl sont témoins de l’arrestation d’opposants locaux, des autodafés de livres de 1933 et de la répression des groupes scouts catholiques. L’invasion de la Pologne en 1939, puis la guerre à l’Est, provoquent un durcissement de la censure et des crimes de masse. Les soldats revenant de l’URSS rapportent des récits d’exécutions de civils juifs et soviétiques, qui circulent dans les cercles universitaires et confessionnels. Les étudiants humanistes comme Sophie découvrent également les sermons de l’évêque von Galen contre l’euthanasie T4, confirmant l’ampleur des exactions. C’est dans cette atmosphère de violence d’État et de désillusion que se cristallise la résistance de la Rose blanche.

Ministere Public

En 1939, Sophie obtient son Abitur et entame un service civil obligatoire (Reichsarbeitsdienst) près de Biberach, puis un service auxiliaire au Nationalsozialistisches Volkswohlfahrt. Les conditions militarisées, le dogmatisme idéologique et l’absence de liberté intellectuelle l’incitent à se distancier du régime. À l’automne 1940, elle commence des études de biologie et de philosophie à l’Université de Munich, rejoignant son frère Hans, étudiant en médecine et ancien membre du mouvement de jeunesse catholique Graue Orden. Le campus de Munich devient le centre d’une sociabilité résistante qui réunit Hans Scholl, Alexander Schmorell, Willi Graf, Christoph Probst, Traute Lafrenz et le professeur Kurt Huber, dont les cours nourrissent leurs débats. Les lectures du cercle incluent des textes de Rosa Luxemburg, de Georges Bernanos ou de Kierkegaard. Sophie apporte à ce groupe sa rigueur morale et sa capacité organisationnelle. Elle rejoint officiellement la Rose blanche en mai 1942, après avoir achevé une formation comme aide-soignante de la Wehrmacht à Blumberg et participé à des missions de soins aux fronts de l’Est, où elle rencontre des prisonniers de guerre russes et polonais. Ces expériences renforcent son rejet du racisme nazi et sa conviction qu’une résistance spirituelle est nécessaire. À Munich, elle participe aux discussions sur les textes de Saint-Augustin, de John Henry Newman, sur les sermons de John Henry Cardinal Newman (‘La conscience’) et sur les écrits de Georges Bernanos. Elle encourage la rédaction de tracts clandestins, met à profit son poste de bibliothécaire étudiante pour accéder à des duplicateurs et assure les liaisons avec des sympathisants à Hambourg, Stuttgart et Fribourg.

Enseignement et Message

Le message porté par Sophie Scholl et la Rose blanche combine humanisme chrétien, philosophie morale et appel à la responsabilité citoyenne. Les tracts qu’elle dactylographie dénoncent la politique d’anéantissement sur le front de l’Est, les crimes contre les Juifs d’Europe, la destruction spirituelle provoquée par la propagande et l’embrigadement totalitaire. Leur rhétorique puise chez Aristote, Goethe, Schiller et à la théologie protestante : le lecteur est interpellé comme sujet autonome capable de reconnaître la vérité. Sophie insiste pour que le langage soit à la fois incisif et accessible. Elle signe certaines lettres ‘La Rose blanche’ pour créer une identité mémorable. Dans ses échanges privés, elle exalte la valeur de la conscience (‘Gewissen’) et l’obligation de résister à un pouvoir injuste. Elle cite fréquemment la parabole des talents et la philosophie personnaliste de Romano Guardini, dont les cours à Munich (sur la liberté chrétienne) offrent un cadre théorique à son engagement. Les tracts V et VI appellent explicitement à la ‘guerre de libération spirituelle’ et à la sabotage passif dans les usines d’armement, reflétant l’évolution vers une résistance plus directe.

Activite En Galilee

Si le terme ‘Galilée’ ne s’applique pas à Sophie Scholl, cette section peut être comprise comme l’ensemble de ses activités militantes dans les villes universitaires du sud de l’Allemagne. Entre 1941 et 1943, elle effectue plusieurs voyages à Stuttgart, Ulm, Augsburg et Hambourg pour étendre le réseau de diffusion. À Stuttgart, elle remet des tracts à des pasteurs luthériens opposés au régime ; à Ulm, elle coordonne le financement via des amis de la famille et la vente de livres. En juillet 1942, Sophie accompagne Hans et Schmorell à Salzbourg et Linz pour établir des contacts avec des étudiants autrichiens. Elle transporte des enveloppes remplies de tracts cachées dans des valises à double fond. Son passage en prison militaire de Gmünd, pour avoir chanté des chansons interdites lors d’un camp de travail, l’a rendue prudente mais déterminée. Elle cultive aussi des liens avec les membres de la mouvance catholique de Hambourg, notamment par l’intermédiaire de Traute Lafrenz, contribuant à l’impression du cinquième tract. Les rapports de la Gestapo signalent sa présence dans plusieurs boîtes aux lettres de Munich et de Vienne, preuve de son rôle de coursière.

Montee A Jerusalem et Conflit

La ‘montée à Jérusalem’ de Sophie correspond à sa décision de diffuser le sixième tract au cœur de l’Université de Munich, le 18 février 1943, quatre jours après la défaite de Stalingrad. Convaincue que l’effondrement militaire crée un moment propice, elle et Hans transportent une valise remplie de 1 600 tracts depuis l’appartement de Gisela Schertling. Ils les déposent dans les couloirs des facultés, sur les bancs et devant l’auditorium principal. À 11 h, Sophie, pressée par le temps, disperse une dernière pile de tracts depuis la balustrade du troisième étage de l’Atrium de l’université. Le concierge Jakob Schmid les surprend et alerte la Gestapo. Arrêtée immédiatement, elle subit un interrogatoire intensif par Robert Mohr. Les procès-verbaux révèlent sa tentative de prendre seule la responsabilité des tracts pour protéger ses camarades. Malgré les pressions, elle refuse de renier ses convictions, déclarant : ‘Ce qu’il y a de plus important, c’est la conscience’. Le procès s’ouvre le 22 février 1943 devant le Volksgerichtshof itinérant présidé par Roland Freisler. Sophie, Hans et Christoph Probst sont accusés de haute trahison, propagande subversive et complicité avec l’ennemi. La procédure expéditive dure quelques heures et se conclut par une condamnation à mort. Avant d’être conduite à la guillotine, Sophie prononce des mots restés célèbres : ‘Le soleil brille encore’. Elle est exécutée à 17 h, suivie de Hans et Christoph.

Sources et Temoinages

Les témoignages sur Sophie Scholl proviennent d’abord des procès-verbaux de la Gestapo conservés dans les archives fédérales allemandes, des lettres saisies chez les Scholl et des notes du procureur Robert Mohr. Les souvenirs publiés par sa sœur Inge Scholl dans ‘La Rose blanche’ (1952) offrent un récit familial. Les journaux intimes de Sophie, confisqués après son arrestation, ont été restitués en 1945 et publiés en partie dans ‘Sophie Scholl : Briefe und Aufzeichnungen’. Les correspondances entre Hans et Sophie, ainsi que les lettres adressées à Fritz Hartnagel – officier de la Luftwaffe et fiancé officieux – documentent son évolution spirituelle, son désarroi face à la guerre à l’Est et ses lectures (Kierkegaard, Augustine, Pascal). Les témoignages de Traute Lafrenz, de Willi Graf et de la famille Probst, recueillis après 1945, confirment son rôle central dans la logistique des tracts. Les archives de la paroisse protestante d’Ulm, qui conservaient des copies de sermons de l’évêque von Galen, montrent l’influence religieuse sur sa conscience. Les historiens modernes, tels que Jud Newborn, Annette Dumbach, Jakob Knab et Barbara Ellermeier, ont exploité ces sources en les croisant avec les dossiers du Volksgerichtshof et les rapports d’écoute de la Gestapo. Les études universitaires récentes insistent sur la dimension transnationale de la Rose blanche, reliée aux réseaux catholiques de Munich, aux cercles protestants de Hambourg et aux résistances tchèques et polonaises.

Interpretations Historiques

L’historiographie de Sophie Scholl a évolué depuis 1945. Dans l’immédiat après-guerre, les forces alliées et la République fédérale en font un symbole de la ‘bonne Allemagne’, incarnant la résistance morale face au totalitarisme. Les recherches des années 1960-1970, nourries par les mouvements étudiants, insistent sur son audace civique et sur la dimension de désobéissance civile inspirée de Thoreau et de Gandhi, dont des extraits figurent dans les tracts. Les travaux de Peter Steinbach et de Johannes Tuchel ont replacé la Rose blanche dans un réseau de résistances multiples, montrant que Sophie et Hans étaient en contact avec des officiers de l’Abwehr et des cercles catholiques. Les recherches féministes, notamment celles d’Alexandra Lloyd, soulignent le rôle actif de Sophie dans la production intellectuelle du groupe et contestent l’image romantique de ‘sœur accompagnatrice’. On insiste sur son autonomie intellectuelle, sa formation théologique et sa maîtrise des enjeux logistiques. Au XXIe siècle, la mémoire de Sophie est analysée dans le cadre de la culture démocratique allemande : son visage figure sur les timbres commémoratifs (1982), les pièces de 2 euros allemandes (2003) et les expositions permanentes de la Fondation Mémorial de la Résistance allemande à Berlin. Les débats contemporains portent sur la manière d’enseigner sa figure dans les écoles, sur les risques d’une hagiographie apolitique et sur la récupération par certains mouvements populistes, que les historiens contestent en rappelant son engagement résolument antifasciste.

Heritage

L’héritage de Sophie Scholl se manifeste dans la culture civique allemande et européenne. Des milliers d’établissements scolaires, bibliothèques et places publiques portent son nom en Allemagne, en Autriche, en Suisse, en France et même aux États-Unis (Sophie Scholl Schule, Sophie-Scholl-Gymnasium, Sophie Scholl High School). Depuis 1980, le Prix Sophie Scholl récompense chaque année un livre promouvant l’engagement démocratique. Ses lettres sont étudiées dans les cours d’éducation civique, de philosophie morale et d’histoire contemporaine. Les universités de Munich et d’Ulm organisent chaque 18 février des lectures publiques de ses tracts. En 2005, le film ‘Sophie Scholl – Die letzten Tage’ de Marc Rothemund, basé sur les procès-verbaux originaux, a reçu l’Ours d’argent à Berlin et diffusé son histoire auprès d’un large public international. L’UNESCO a intégré en 2018 les tracts de la Rose blanche au Registre Mémoire du monde. Au-delà de l’Allemagne, Sophie inspire des mouvements étudiants pour la démocratie à Hong Kong, en Biélorussie ou en Iran, qui citent ses paroles sur la liberté intérieure. Des initiatives pédagogiques numériques, comme le projet ‘Weiße Rose Online’, mettent en ligne des fac-similés et des analyses, perpétuant la mémoire de son courage face à la tyrannie.

Réalisations et héritage

Principales réalisations

  • Co-rédaction et diffusion des tracts de la Rose blanche
  • Mobilisation d’un réseau universitaire de résistance à Munich et au-delà
  • Dénonciation publique des crimes nazis après Stalingrad
  • Modèle international de courage civique et de conscience morale

Héritage historique

Sophie Scholl est devenue un symbole universel de la résistance civile et de la conscience morale face à la tyrannie. Son engagement, ses écrits et sa mort héroïque alimentent l’éducation civique, les recherches sur la non-violence et les mémoires européennes du XXᵉ siècle.

Chronologie détaillée

Événements majeurs

1921

Naissance

Naît à Forchtenberg, Wurtemberg, dans une famille protestante engagée

1933

Adhésion aux organisations de jeunesse nazies

Entre au Bund Deutscher Mädel, dont elle devient chef d’escouade

1940

Études à Munich

Commence la biologie et la philosophie à l’Université de Munich

1942

Entrée dans la Rose blanche

Participe à la rédaction et la diffusion des tracts clandestins

1943

Arrestation à Munich

Arrêtée à l’Université de Munich en distribuant le sixième tract

1943

Exécution

Condamnée par le Volksgerichtshof et guillotinée à Stadelheim

Chronologie géographique

Citations célèbres

« Tant de choses sont possibles, si seulement on a le courage. »

— Sophie Scholl

« Le soleil brille encore, malgré toute cette horreur. »

— Sophie Scholl

« Nous sommes la conscience en éveil de notre peuple. »

— Sophie Scholl

Questions fréquentes

Elle est exécutée le 22 février 1943 à la prison de Stadelheim, à Munich, par décapitation au moyen d’une guillotine, sur ordre du Volksgerichtshof présidé par Roland Freisler.

Sophie Scholl participe à la rédaction, la frappe et la diffusion des six tracts principaux du groupe avec Hans Scholl, Alexander Schmorell, Willi Graf et Christoph Probst, tout en assurant les liaisons logistiques et financières.

Son éducation protestante, l’influence de son père Robert Scholl, ses lectures de théologie, de philosophie et de littérature clandestine, ainsi que le témoignage de soldats revenus du front de l’Est, l’ont convaincue de l’inhumanité des politiques nazies.

Les tracts de la Rose blanche ont circulé dans plusieurs universités du Reich et furent repris par la propagande alliée, notamment par la RAF qui en parachuta plus de 6 000 exemplaires sur l’Allemagne sous le titre ‘Manifeste de la Rose blanche’.

Depuis 1945, son nom est donné à des écoles, rues, bibliothèques et prix civiques en Allemagne et en Europe. Son histoire est étudiée dans les programmes scolaires et dans la recherche sur la résistance civile.

Sources et bibliographie

Sources primaires

  • Sophie Scholl — Briefe und Aufzeichnungen
  • Bundesarchiv — Gestapo-Verhörprotokolle Sophie Scholl
  • Weiße Rose Stiftung — Dokumente
  • Fritz Hartnagel & Sophie Scholl — Correspondance 1937-1943

Sources secondaires

  • Inge Scholl — La Rose blanche
  • Annette Dumbach & Jud Newborn — Sophie Scholl and the White Rose ISBN: 9781851685530
  • Peter Steinbach & Johannes Tuchel (dir.) — Sophie Scholl: Die Weiße Rose ISBN: 9783150186712
  • Alexandra Lloyd — Defying Hitler: The White Rose ISBN: 9780750997520
  • Barbara Ellermeier — Sophie Scholl: Die letzten Tage ISBN: 9783455097517
  • Weiße Rose Memorial Center — Educational Resources

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