Nzinga Mbande (1583 – 17 décembre 1663)

Résumé rapide

Nzinga Mbande (1583 – 17 décembre 1663) est une reine figure majeure de l'histoire. Née à Kabasa (probable), royaume de Ndongo, Angola, Nzinga Mbande a marqué son époque par unification politique des royaumes de ndongo et de matamba.

Lecture: 29 min Mis à jour: 24/09/2025
Portrait historique de la reine Nzinga Mbande, portant un pagne royal kongo et une coiffe perlée, regard déterminé, tenant une lance cérémonielle, ambiance chaude rappelant l'Angola du XVIIᵉ siècle.
À la une

Naissance

1583 Kabasa (probable), royaume de Ndongo, Angola

Décès

17 décembre 1663 Matamba (Sainte-Anne de Sousa), royaume de Matamba, Angola

Nationalité

Ndongo-Matamba

Occupations

Reine Stratège militaire Diplomate Chef d'État

Biographie complète

Origines et Enfance

Nzinga Mbande naît en 1583 dans la capitale kabasa du royaume de Ndongo, au sein de la dynastie kimbundu des Ngola. Elle est fille du roi Kiluanji kia Samba et de la reine Kangela, épouse secondaire selon les sources capucines. Les chroniqueurs António Cavazzi et Giovanni Antonio dos Santos relatent qu’elle reçoit une formation princière soignée : apprentissage des généalogies, de la rhétorique kimbundu et de l’art oratoire indispensable aux ambassades. Son prénom, Njinga, renverrait au cordon ombilical enroulé autour du cou à la naissance, présage de destin exceptionnel. Très tôt, Nzinga accompagne son père dans les audiences aux sobas (chefs provinciaux) et observe les missions diplomatiques auprès des Portugais établis à Luanda. Elle maîtrise plusieurs langues locales, ainsi que le portugais appris auprès d’interprètes afro-lusitaniens. L’univers politique de son enfance est marqué par les incursions portugaises, la traite esclavagiste et la concurrence des Imbangala, groupes guerriers itinérants.

Contexte Historique

À la fin du XVIᵉ siècle, le royaume de Ndongo fait face à l’expansion coloniale portugaise et à la militarisation de la traite atlantique. Luanda, fondée en 1575, devient un port stratégique où les capitaines portugais achètent captifs et ressources. Les gouverneurs successifs imposent tributs et installent des présides fortifiés dans l’arrière-pays, appuyés par les Imbangala. Les Jésuites et Capucins, missionnaires chrétiens, accompagnent cette avancée, servant parfois d’intermédiaires diplomatiques. La dynastie des Ngola, héritière d’un réseau d’alliances kimbundu, doit composer avec les ambitions du royaume voisin de Kongo et la pression fiscale portugaise. Les années 1610-1620 voient les guerres de Ndongo s’intensifier, culminant avec la capture de milliers de sujets et la fuite de nobles vers Matamba et Dembos. C’est dans ce contexte de crise que Nzinga est envoyée à Luanda pour négocier la paix.

Ministere Public

En 1622, Nzinga est déléguée par son frère Ngola Mbande auprès du gouverneur João Correia de Sousa. Elle signe un traité reconnaissant la souveraineté de Ndongo en échange de son baptême chrétien et d’un engagement à livrer captifs fugitifs. Ce succès diplomatique la rend populaire auprès des sobas. À la mort de Ngola Mbande en 1624, Nzinga s’impose face aux prétendants masculins, notamment Njinga Mbandi et Hari a Kiluanje, en s’appuyant sur l’armée royale et sur la noblesse chrétienne récemment convertie. Elle adopte le titre d’Ana de Sousa Nzinga Mbande, intègre des conseillers capucins et instaure une cour cérémonielle inspirée du Kongo et des rituels imbangala. Son gouvernement se caractérise par la centralisation des impôts, la réforme du système de succession et la création de compagnies militaires féminines chargées de sa garde personnelle, attestées par Cavazzi.

Enseignement et Message

Nzinga élabore un discours politique mêlant traditions kimbundu et références chrétiennes. Elle insiste sur sa légitimité dynastique, rappelant que le Ndongo est un don ancestral que nul ne peut aliéner. Ses lettres au roi du Portugal et aux missionnaires soulignent son désir d’obtenir des prêtres pour baptiser ses sujets tout en exigeant la reconnaissance de sa souveraineté. Elle développe une idéologie de résistance active : protection des sobas fidèles, intégration des captifs libérés dans les armées et redistribution des terres confisquées aux Portugais. Elle encourage les mariages stratégiques entre nobles Ndongo et chefs imbangala afin de cimenter la confédération militaire qui soutient sa cause.

Activite En Galilee

De 1626 à 1630, la guerre reprend contre les Portugais qui occupent Massangano et Ambaca. Nzinga, repoussée de Kabasa, se replie vers l’est avec ses fidèles. Elle forge alors une alliance avec le chef imbangala Kasanje, adoptant certains rites guerriers (comme le serment de sang) pour maintenir l’unité. En 1631, elle conquiert le royaume voisin de Matamba, exécute la reine locale et transfère sa cour dans cette région fertile, plus difficile d’accès pour les troupes lusitaniennes. Depuis Matamba, Nzinga transforme son armée en force mobile, utilisant l’embuscade et la connaissance du terrain pour attaquer les fortins portugais et couper les lignes de traite. Les missionnaires Capucins témoignent de campements disciplinés, où hommes et femmes soldats s’entraînent quotidiennement.

Montee A Jerusalem et Conflit

Lorsque les Provinces-Unies s’emparent de Luanda en 1641, Nzinga voit une opportunité diplomatique. Elle conclut un traité avec les Hollandais de la Compagnie néerlandaise des Indes occidentales, leur offrant esclaves de guerre contre armes à feu et soutien naval. Ensemble, ils infligent plusieurs défaites aux Portugais, notamment à Muxima et Massangano. Après la reconquête de Luanda par le Portugal en 1648, Nzinga poursuit la résistance en Matamba. Elle négocie néanmoins avec le nouveau gouverneur Salvador Correia de Sá, tentant d’obtenir la restitution des captifs et la reconnaissance de ses frontières. Les campagnes portugaises de 1650-1656 échouent à la soumettre, malgré l’usage de mercenaires et de contingents du Kongo.

Sources et Temoinages

Les connaissances sur Nzinga proviennent de chroniques européennes (Cavazzi da Montecuccolo, Cadornega), des lettres conservées dans les archives portugaises et du témoignage des missionnaires capucins. Les études de John K. Thornton, Linda M. Heywood et Joseph C. Miller ont réévalué ces sources en confrontant la tradition orale angolaise, l’archéologie et les registres coloniaux. Les correspondances portugaises mentionnent ses ambassades régulières, ses demandes d’armes, ses propositions de trêve et sa gestion des captifs. Les traditions orales kimbundu, recueillies au XXᵉ siècle, rappellent son charisme, ses déplacements en palanquin et l’anecdote célèbre de l’audience de Luanda où elle fit de l’une de ses servantes un siège pour s’asseoir à hauteur du gouverneur, affirmant la dignité de son rang.

Interpretations Historiques

L’historiographie coloniale la décrivait comme intrigante et cruelle, insistant sur son adoption temporaire des coutumes imbangala. Les chercheurs contemporains soulignent au contraire sa capacité à naviguer entre cultures politiques, à instrumentaliser les alliances religieuses et à préserver l’autonomie régionale. Les féministes africaines la considèrent comme un modèle de leadership féminin, tandis que les historiens de l’Atlantique mettent en avant sa maîtrise des flux commerciaux. Linda Heywood et John Thornton ont démontré que Nzinga chercha à intégrer Ndongo et Matamba dans un système économique contrôlé, en limitant la traite d’esclaves aux prisonniers de guerre et en sécurisant les routes caravanières vers le bassin du Congo. Les interprétations récentes insistent sur sa diplomatie flexible, oscillant entre conversion chrétienne, alliances païennes et syncrétisme religieux pour assurer la pérennité dynastique.

Heritage

Vers la fin de sa vie, Nzinga signe en 1657 un traité avec le gouverneur portugais Luiz Mendes de Vasconcelos, permettant le retour de plusieurs milliers de captifs et l’installation de missions capucines à Matamba. Elle encourage le baptême de la noblesse tout en maintenant les rites ancestraux. Sa capitale Sainte-Anne de Sousa devient un centre commercial où se rencontrent marchands ndembu, portugais et brésiliens. Nzinga meurt le 17 décembre 1663 après avoir désigné sa sœur Barbara comme héritière. Son tombeau dans la mission capucine de Matamba symbolise la synthèse de la foi catholique et des traditions kimbundu. Au XXᵉ siècle, le mouvement indépendantiste angolais MPLA réhabilite sa mémoire comme héroïne nationale. Sa statue à Luanda et la « Journée de la Héroïne nationale » (10 décembre) perpétuent son héritage de résistance et d’affirmation politique féminine.

Réalisations et héritage

Principales réalisations

  • Unification politique des royaumes de Ndongo et de Matamba
  • Mise en place d'une armée professionnelle mixte et de tactiques de guérilla contre la colonisation portugaise
  • Alliances diplomatiques avec les Hollandais et négociations de traités avec le Portugal
  • Réorganisation des routes commerciales et limitation de la traite esclavagiste dans ses territoires

Héritage historique

Reine guerrière et diplomate, Nzinga Mbande demeure un symbole de souveraineté africaine. Son règne a consolidé l'identité politique kimbundu, inspiré les mouvements de libération angolais et nourri une mémoire transnationale de la résistance des femmes à la colonisation et à la traite atlantique.

Chronologie détaillée

Événements majeurs

1583

Naissance

Naissance à Kabasa, capitale du Ndongo, dans la dynastie des Ngola

1622

Ambassade à Luanda

Négociation du traité de Luanda et baptême sous le nom d'Ana de Sousa

1624

Accession au trône

Succession à son frère Ngola Mbande et proclamation comme reine de Ndongo

1631

Conquête de Matamba

Prise du royaume de Matamba et transfert de la cour

1641

Alliance avec les Hollandais

Signature d'un traité avec la Compagnie néerlandaise des Indes occidentales contre le Portugal

1657

Traité de paix

Conclusion d'une paix négociée avec le gouverneur portugais Luiz Mendes de Vasconcelos

1663

Décès

Mort à Matamba après près de quarante ans de règne

Chronologie géographique

Citations célèbres

« Os sobas que me pertencem não hão de ser vossos. »

— Nzinga Mbande

« Je suis Nzinga, reine de Ndongo et de Matamba, et je défendrai mes vassaux jusqu'au dernier. »

— Nzinga Mbande

« Envoyez-moi des prêtres pour instruire mon peuple, afin que nous soyons chrétiens sans perdre notre liberté. »

— Nzinga Mbande

Questions fréquentes

Les sources situent sa naissance en 1583 dans la capitale kabasa du Ndongo, et sa mort le 17 décembre 1663 à Matamba, après près de quarante ans de règne.

Elle succède à son frère Ngola Mbande en 1624, puis conquiert Matamba en 1631, unifiant les deux royaumes en se proclamant « Souveraine du Ndongo et de Matamba ».

Elle combine guérilla, alliance avec les Imbangala, négociations diplomatiques, recours aux Hollandais et réorganisation des routes commerciales pour contrer la pression lusitanienne.

Son baptême en 1622, sous le nom d’Ana de Sousa, fut une manœuvre diplomatique destinée à établir un traité avec le gouverneur portugais de Luanda et obtenir la reconnaissance de ses droits.

Figure de résistance anticoloniale, elle est célébrée en Angola et dans la diaspora africaine pour son leadership, sa diplomatie et son rôle dans la lutte contre la traite atlantique.

Sources et bibliographie

Sources primaires

  • António Cavazzi da Montecuccolo — Istorica Descrizione de' tre regni Congo, Matamba et Angola
  • António de Oliveira de Cadornega — História Geral das Guerras Angolanas
  • Correspondência de Nzinga Mbande com os governadores de Luanda (Arquivo Histórico Ultramarino)

Sources secondaires

  • John K. Thornton — Warfare in Atlantic Africa, 1500–1800 ISBN: 9781580461120
  • Linda M. Heywood — Njinga of Angola: Africa's Warrior Queen ISBN: 9780674971208
  • Joseph C. Miller — Way of Death: Merchant Capitalism and the Angolan Slave Trade ISBN: 9780299103203
  • Graziano Saccardo — Congo e Angola con la storia dell'antica missione dei cappuccini
  • Beatrix Heintze — Studien zur Geschichte Angolas
  • Miller & Thornton — « Nzinga of Matamba in the New World Atlantic » (Journal of African History)
  • Heywood & Thornton — Central Africans, Atlantic Creoles, and the Foundation of the Americas ISBN: 9780520283331

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