Nanny des Marrons (vers 1686 – vers 1755)
Résumé rapide
Nanny des Marrons (vers 1686 – vers 1755) est un cheffe marronne figure majeure de l'histoire. Né à Probablement Côte-de-l'Or (Ghana actuel) ou paroisse de Saint-Thomas, Jamaïque, Nanny des Marrons a marqué son époque par organisation de nanny town comme bastion marron dans les blue mountains.
Naissance
1686 Probablement Côte-de-l'Or (Ghana actuel) ou paroisse de Saint-Thomas, Jamaïque
Décès
1755 Blue Mountains, paroisse de Portland, Jamaïque
Nationalité
Marronne jamaïcaine
Occupations
Biographie complète
Origines et Enfance
Les sources écrites sur Nanny des Marrons sont rares et proviennent surtout de témoignages coloniaux britanniques, souvent hostiles, et de la tradition orale transmise dans les communautés marronnes. Selon les griots de Moore Town, elle serait née sur la Côte-de-l'Or, dans une famille Akan (probablement Ashanti) vers la fin du XVIIe siècle. Capturée lors des guerres d'expansion menées par l'Empire ashanti ou par des intermédiaires européens, elle aurait été embarquée vers la Jamaïque au cours de la traite atlantique. Arrivée dans les plantations sucrières de la paroisse de Saint-Thomas, elle se serait échappée avec ses frères Accompong, Cudjoe, Johnny et Quao pour rejoindre les rebelles marrons réfugiés dans les contreforts des Blue Mountains. Cette fuite précoce forgea son expertise de la forêt tropicale, de ses plantes médicinales et des sentiers escarpés qui deviendraient des lignes de défense naturelles.
Contexte Historique
La Jamaïque du début du XVIIIe siècle est une colonie esclavagiste majeure de l'Empire britannique, nourrie par la production de sucre et de rhum. La société coloniale repose sur l'asservissement massif des Africains et sur une minorité blanche plantocrate. Depuis la conquête anglaise de 1655, les marrons – esclaves fugitifs établis dans les montagnes – mènent une guérilla contre l'autorité coloniale. Les communautés marronnes s'organisent en villages autonomes, cultivant à la fois l'héritage Akan (structures matrilinéaires, commandement partagé, rituels guerriers) et l'expérience caribéenne (alliances avec les Taïnos survivants, adaptation agricole). Les autorités britanniques considèrent ces villages comme une menace directe à l'ordre esclavagiste et lancent des expéditions répressives dès 1690. C'est dans ce contexte de guerre asymétrique que Nanny forge son leadership.
Ministere Public
Nanny émerge comme cheffe incontestée de la communauté de Windward Maroons – aussi appelée Nanny Town – vers 1720. Installée sur une crête difficile d'accès du massif John Crow, la ville fortifiée comprend maisons en bois, champs en terrasses, fosses pièges et miradors. Nanny organise les patrouilles, la distribution des vivres et l'entraînement des combattants. Elle privilégie la tactique de la guérilla : embuscades nocturnes, signaux sonores au cor d'abeng, communications par tambours et exploitation du relief. Son autorité repose sur un conseil mixte où les femmes jouent un rôle central dans la logistique, les soins et la transmission des savoirs spirituels. Nanny enseigne la culture Akan (chants, danses, proverbes) pour nourrir la cohésion identitaire. Elle encourage les raids ciblés contre les plantations pour libérer des captifs, récupérer des armes et saboter les ressources coloniales, tout en évitant les affrontements frontaux avec les régiments britanniques.
Enseignement et Message
La pensée de Nanny, reconstituée par la tradition orale, valorise la liberté collective, la justice réparatrice et la solidarité interclanique. Elle proclame que l'émancipation ne peut se négocier sans reconnaissance des lignages africains et de la souveraineté marronne. Ses discours insistent sur l'équilibre entre guerre et spiritualité : chaque expédition militaire est précédée de cérémonies Obeah, de libations et de consultations d'ancêtres pour obtenir guidance et protection. Elle prône également l'intégration des nouveaux fugitifs par des rites d'initiation garantissant loyauté et partage des connaissances agricoles. Cette pédagogie combine traditions akan (adesua) et innovations nées de l'exil caribéen, ce qui permet aux Marrons de maintenir une culture vivante malgré la dispersion et la clandestinité.
Activite En Galilee
La géographie des Blue Mountains devient l'équivalent du théâtre d'opérations de Nanny. Elle dirige les éclaireurs qui surveillent les vallées de la rivière Stony et du Rio Grande, aménage des potagers dissimulés (provision grounds) et instaure un système de signaux lumineux sur les crêtes. Les fortifications naturelles de Nanny Town – falaises abruptes, cascades et grottes – servent de refuges lors des assauts britanniques de 1724, 1728 et 1734. Pendant ces campagnes, Nanny orchestre des manoeuvres de leurre : des pistes sont volontairement laissées pour attirer les soldats britanniques dans des gorges étroites, où les archers et mousquetaires marrons déclenchent des tirs croisés avant de disparaître dans la végétation. Elle supervise aussi la construction de caches à poudre et de dépôts de vivres, assurant la résilience du village face aux sièges prolongés.
Montee A Jerusalem et Conflit
L'année 1734 marque l'offensive la plus brutale contre Nanny Town : le gouverneur Edward Trelawny dépêche des centaines de soldats réguliers et miliciens, appuyés par des chasseurs d'esclaves. Nanny coordonne la défense, mais la supériorité en artillerie oblige les Marrons à évacuer la ville. Les survivants se replient vers une zone baptisée Nouveau Nanny Town (plus tard Moore Town) et poursuivent la guerre de mouvement. Cette phase culmine avec les négociations conduites par Quao et les capitaines marrons auprès des autorités coloniales. Bien que Nanny ne soit pas présente à la signature du traité du 23 mars 1739, la tradition orale affirme qu'elle fournit les conditions essentielles : reconnaissance des villages marrons, restitution des terres, exemption d'impôt et droit de chasse. Les documents officiels la mentionnent comme « sœur de Cudjoe » et la reconnaissent chef spirituel. Après le traité, elle veille à la consolidation des institutions marronnes et à la protection des routes secrètes menant aux plantations, désormais utilisées pour secourir les fugitifs.
Sources et Temoinages
Les archives coloniales britanniques – notamment les journaux de campagne des capitaines Stoddart et Guthrie, les dépêches du gouverneur Trelawny et les annonces de récompenses publiées dans la Jamaica Gazette – fournissent des informations sur les affrontements avec Nanny. Elles reflètent cependant la perspective des planteurs. Du côté marron, les récits chantés (kromanti songs) et les histoires narrées lors des fêtes annuelles de Moore Town conservent les épisodes fondateurs : la vision de Nanny recevant des balles dans sa jupe et les retournant contre les soldats, sa prophétie annonçant la signature du traité ou la marche nocturne des 44 guerriers envoyés libérer des captifs. Les ethnologues tels que Martha Beckwith (années 1920) et Kenneth Bilby (années 1990) ont transcrit ces traditions, offrant une contre-histoire afro-caribéenne.
Interpretations Historiques
L'historiographie moderne, portée par des chercheurs comme Mavis Campbell, Karla Gottlieb ou Maureen Warner-Lewis, analyse Nanny comme une cheffe politico-religieuse, articulant résistance armée, diplomatie et maintien culturel. Les études féministes soulignent son rôle dans la construction d'un pouvoir matrilinéaire et la valorisation des femmes guerrières dans les sociétés marronnes. Les historiens du pan-africanisme, de Marcus Garvey à Rex Nettleford, voient en Nanny l'ancêtre d'un nationalisme noir centré sur l'autonomie communautaire. Les débats contemporains portent sur la portée du traité de 1739 : certains y lisent une cooptation par l'empire britannique, d'autres y voient un compromis stratégique permettant la survie marronne sans renoncer à la solidarité avec les esclaves en fuite.
Heritage
Canonisée Héroïne nationale en 1976, Nanny des Marrons est célébrée chaque 19 octobre (Journée des Héros nationaux) par des défilés, des reconstitutions et des rites ancestraux à Moore Town. Son effigie figure sur le billet de 500 dollars jamaïcains et sur plusieurs sculptures publiques. Son héritage dépasse la Jamaïque : les mouvements afrodescendants citent Nanny comme symbole de résistance féminine à l'esclavage, inspirant des œuvres littéraires (Mutabaruka, Lorna Goodison), des recherches archéologiques sur les sites marrons et des programmes éducatifs valorisant la mémoire marronne. Les descendants de Moore Town perpétuent son système de gouvernance (colonel élu, conseil des anciens) et déposent régulièrement des pétitions pour protéger leurs terres ancestrales face aux projets miniers ou touristiques.
Réalisations et héritage
Principales réalisations
- Organisation de Nanny Town comme bastion marron dans les Blue Mountains
- Victoire dans plusieurs batailles de guérilla contre les troupes britanniques
- Influence déterminante dans les négociations du traité de 1739 avec la Jamaïque britannique
- Transmission des traditions Obeah et Akan au sein des communautés marronnes
Héritage historique
Première femme reconnue Héroïne nationale de Jamaïque, Nanny des Marrons symbolise la résistance afro-caribéenne, la souveraineté communautaire et la transmission des héritages africains dans la diaspora.
Chronologie détaillée
Événements majeurs
Naissance présumée
Selon les traditions marronnes, naissance en Côte-de-l'Or parmi les Akan
Arrivée en Jamaïque
Déportation probable dans les plantations sucrières puis fuite vers les montagnes
Leadership à Nanny Town
Prise de commandement de la communauté marronne de l'Est
Destruction de Nanny Town
Offensive britannique obligeant les Marrons à se replier vers le Nouveau Nanny Town
Traité de paix
Accord entre les Marrons et la colonie garantissant l'autonomie
Décès supposé
Fin de vie probable à Moore Town, mémoire honorée par ses descendants
Chronologie géographique
Citations célèbres
« Mieux vaut mourir en guerrier que vivre en esclavage. »
« Nos ancêtres marchent avec nous dans la forêt. »
« Tant que les collines se dresseront, la liberté aura un refuge. »
Liens externes
Questions fréquentes
Qui était Nanny des Marrons ?
Chef de guerre et guide spirituelle des Marrons de la Jamaïque au XVIIIe siècle, elle mena la résistance contre les troupes britanniques et obtint un traité reconnaissant la liberté marronne.
D'où venait Nanny ?
Les traditions orales la disent née en Côte-de-l'Or (Ghana), probablement parmi les Akan, avant d'être réduite en esclavage et transportée en Jamaïque.
Quel rôle jouait l'Obeah dans son leadership ?
L'Obeah, système spirituel d'origine africaine, renforçait la cohésion marronne : Nanny l'utilisait pour bénir les combattants, organiser des rituels de protection et transmettre des messages codés.
Quel fut le résultat de la Première guerre marronne ?
Le traité de 1739 garantit l'autonomie des Marrons de la paroisse de Portland, la restitution de leurs terres et l'engagement de défendre la colonie contre d'autres révoltes esclaves.
Pourquoi Nanny est-elle un symbole national ?
Son courage, son sens tactique et sa défense de la liberté inspirent la mémoire collective jamaïcaine : elle figure sur le billet de 500 dollars jamaïcains et fait partie des sept Héros nationaux.
Sources et bibliographie
Sources primaires
- Journals of the Assembly of Jamaica, 1730–1740
- Treaty with the Maroons, 23 March 1739
Sources secondaires
- Mavis C. Campbell — The Maroons of Jamaica ISBN: 9780870234675
- Karla Lewis Gottlieb — The Mother of Us All: Queen Nanny of the Maroons ISBN: 9780786410752
- Maureen Warner-Lewis — Central Africa in the Caribbean ISBN: 9781558762738
- Kenneth Bilby — True-Born Maroons ISBN: 9780812215387
- Martha Warren Beckwith — Black Roadways: A Study of Jamaican Folk Life ISBN: 9780837123794
- National Library of Jamaica — Queen Nanny Biography
Références externes
Voir aussi
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